dimanche 29 mars 2015

Revue de presse et de blogs hebdomadaire



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Chaque dimanche, l'Ami du peuple souverain vous propose une sélection brièvement commentée des publications de la semaine écoulée touchant les questions de souveraineté nationale.





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lundi 23 mars 2015

Départementales : la victoire introuvable ?



Départementales : la victoire introuvable ?


Par Cochin




   Les résultats du premier tour des élections départementales ont été très diversement commentés depuis dimanche soir. Nombreux sont les médias qui y ont vu une victoire de l'UMP, un bon score du FN (auquel est généralement refusé le titre de « premier parti de France ») et une défaite moins large que prévue du PS. Mais les choses sont-elles aussi simples ?

Le mode de scrutin a rendu les résultats illisibles

   Le principal problème que pose l'interprétation des résultats est lié au mode de scrutin. Pour la première fois en effet, il s'agissait de voter pour un ticket composé de deux candidats pouvant appartenir à des formations différentes (c'est ce que l'on appelle en langue barbare un scrutin binominal majoritaire à deux tours). Une telle mesure avait été justifiée par la volonté de promouvoir la parité dans les nouveaux conseils départementaux, étant donné que chaque ticket devait être composé d'un homme et d'une femme. Le problème est toutefois que, en plus de ne régler la question – importante – de l'égalité hommes/femmes que de manière tout à fait artificielle, le mode de scrutin a considérablement brouillé les résultats, au point de les rendre largement illisibles (ô parité, que de crimes on commet en ton nom !).
   C'est ce problème qui explique les importants biais observés dans le décompte des résultats. À ce titre, les scores d'EELV et du Front de gauche se retrouvent notamment largement minorés, étant donné que seuls les résultats que ces formations ont réalisé sans passer d'alliance leur sont attribués (les autres étant classés dans la catégorie « divers gauche », que certains analystes ont carrément rangée, sans apparemment que cela ne leur pose le moindre problème, dans les « alliés du PS »).
   De la même manière, la catégorie « divers droite » est trop imprécise et il a été tout aussi étonnant de voir certains journalistes comptabiliser ensemble les voix obtenues par l'UMP-UDI et celles obtenues par Debout la France, formation qui a toujours été claire dans son opposition au programme des partis de Nicolas Sarkozy et de Jean-Christophe Lagarde (et ce sur des domaines aussi importants que l'Europe ou la politique économique).

Un vainqueur : le Front national

    Pour cette raison, en réalité, les seuls résultats qui peuvent être interprétés avec sérieux sont ceux de l'unique parti qui ait abordé les élections sans passer aucune alliance : le Front national. Et, contrairement à ce qui a été dit, il est clair (et l'auteur de ces lignes est loin de s'en réjouir) que ce parti est le grand gagnant des élections.
   Il l'est tout d'abord par sa position, conservée depuis les dernières élections européennes, de premier parti de France, puisque l'UMP a eu besoin de s'allier avec l'UDI et le Modem pour que ses listes fassent un meilleur score. Il l'est ensuite et surtout parce qu'il réalise de meilleurs résultats qu'aux européennes (tant en nombre de voix qu'en pourcentage des votants), ce qui confirme sa constante progression depuis 2012, et qu'il le fait alors même qu'il s'agissait d'élections départementales, où, parce qu'il ne possédait que très peu de notables locaux, il partait avec un handicap considérable par rapport aux formations bien implantées sur le territoire.
   Il est dès lors au mieux inutile, au pire contre-productif de la part de ceux qui pensent qu'une victoire du FN en 2017 aggraverait les maux dont souffre notre pays de nier l'évidence. Ce n'est pas en refusant de voir la réalité en face que l'on pourra la transformer mais bel et bien en l'analysant telle qu'elle est de manière à ensuite en tirer les bonnes leçons.


Des leçons à tirer ?

   Disons-le clairement, il est sans doute encore trop tôt pour tirer en toute certitude des enseignements de ces élections et il faudra sans doute attendre le second tour pour cela. Plusieurs points peuvent tout de même être signalés comme plus que probables.
   Il faut tout d'abord bien entendu insister sur l'effondrement du PS, qui devrait perdre une grande partie des départements qu'il contrôlait jusque-là. Ajouté à la défaite des municipales et à la probable déroute des régionales, cela devrait provoquer au parti socialiste une importante crise interne, étant donné que le PS est très largement un parti de notables locaux. Par ailleurs, des problèmes financiers sont à prévoir.
   La victoire de l'UMP-UDI, à ce titre, est sans doute bien davantage due à un vote de rejet du PS qu'à un vote d'adhésion envers le programme de ces deux formations, dont on ne peut pas vraiment dire que la campagne ait brillé par les idées (autant le PS a axé sa campagne sur la lutte contre le FN, autant l'UMP et l'UDI l'ont axé sur le rejet du parti au pouvoir).
   Un dernier point, mais qui ne sera confirmé qu'au soir du second tour, concerne la gauche de la gauche. Il semblerait que celle-ci paye son absence de ligne directrice et les alliances très différentes qu'elle a nouées en fonction des cantons, au détriment de l'affirmation d'une ligne cohérente et facilement compréhensible par les électeurs (un exemple simple : dans certains cantons, voter communiste signifiait s'opposer au gouvernement tandis que dans d'autres PCF et PS étaient alliés).
   L'alliance de la gauche de la gauche avec EELV, tant désirée par J.-L. Mélenchon pour 2017 semble par ailleurs clairement compromise, étant donné que les libéraux d'EELV devraient très rapidement tirer profit de l'échec de ces élections pour justifier un retour au gouvernement, la ligne suivie jusque-là ne s'avérant pas payante.
   Sans doute est-ce d'ailleurs un mal pour un bien pour J.-L. Mélenchon : en 2017, une alliance avec les écologistes ne lui aurait pas apporté beaucoup de voix, tant ceux-ci ne représentent plus grand-chose mais aurait complètement anéanti la cohérence de son programme, notamment sur des questions importantes comme la question européenne. Sans les fédéralistes d'EELV, il pourra sans doute présenter une ligne bien plus claire et par conséquent susceptible de mieux réussir.
   Pour remporter une élection, le plus important n'est en effet pas de rassembler mais de présenter un projet cohérent aux Français.

dimanche 22 mars 2015

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vendredi 20 mars 2015

L'impossible armée européenne



L'impossible armée européenne


Par Cochin




   Ces derniers jours ont été marqués par plusieurs déclarations touchant à une question qui revient de manière régulière dans les débats : l'armée européenne.
   De manière assez inattendue, le président de la Commission européenne, J.-C. Juncker, a en effet remis le sujet à l'ordre du jour le 8 mars dernier, sans visiblement convaincre le ministre de la Défense français, bien plus au fait de ce qu'est réellement l'Union européenne dans le domaine militaire. En réponse, le premier ministre Manuel Valls a eu bien raison (une fois n'est pas coutume) de rappeler que, dans les faits, la France contribuait plus que largement à la sécurité du continent, notamment à travers la lutte contre le terrorisme en Afrique, et d'appeler d'autres pays à prendre leurs responsabilités.

Une armée européenne de dimension importante n'est pas réalisable

   Cependant, pour en revenir au projet d'armée commune, il serait bon de regarder la réalité en face : qui, aujourd'hui et en Europe, désire réellement la constitution d'une force militaire commune ? Et surtout : un tel projet est-il réalisable ? Pour répondre à ces deux questions, il faut revenir brièvement sur les deux types de missions qui pourraient être confiées à une telle armée européenne.
   La première mission possible, la plus évidente, ce serait d'assurer la sécurité des pays membres de l'Union européenne. Le problème, toutefois, c'est que, pour bon nombre de pays, et notamment ceux de l'ancien bloc soviétique, une telle armée européenne serait inutile, puisque l'OTAN joue déjà ce rôle. L'article cinq du traité de l'Atlantique Nord stipule en effet qu'en cas d'attaque d'un des membres, tous les autres pays doivent se porter à son secours. Dès lors, comme l'OTAN (traduisons : les Etats-Unis) assure la protection des pays européens, à quoi pourrait bien servir une armée européenne ? On le voit, l'idée d'une armée vouée à la défense de l'Union européenne a peu de chances de voir le jour, du fait de l'atlantisme affiché de certains pays.
   Le second type de missions qui pourraient être confiées à une armée européenne, ce sont les opérations extérieures. L'Union européenne disposerait ainsi de ses propres forces d'intervention, lui permettant d'agir sans avoir à passer par le biais de l'OTAN ou des Nations-Unies. Seulement, en l'absence de diplomatie européenne véritablement unifiée, se poserait inévitablement le problème de l'emploi de ces troupes. Si une unanimité des pays européens était nécessaire pour utiliser cette force, il y a en effet peu de chances pour qu'elle puisse servir un jour (il n'y a qu'à voir pour s'en convaincre les désaccords qui ont existé et existent toujours entre les pays européens au sujet des différentes interventions menées au Moyen-Orient et en Afrique depuis un petite quinzaine d'années…).

Des coopérations entre pays restent cependant souhaitables

   La création d'une armée européenne est en soi un projet attirant, ne serait-ce que parce qu'un tel projet pourrait permettre de diminuer la dépendance de l'Europe vis-à-vis des Etats-Unis et donc de favoriser l'existence d'une Europe qui soit enfin véritablement européenne. On voit cependant mal comment une telle armée pourrait être constituée dans les années à venir, du fait de l'importance des désaccords existant entre les pays européens.
   Ceci ne veut toutefois pas dire que toute coopération est impossible : des accords restreints, n'incluant qu'une partie seulement des pays européens, peuvent avoir leur utilité. Dans le domaine de l'armement, les entreprises françaises et britanniques travaillent ainsi d'ores et déjà ensemble sur certains projets importants, trop chers pour être menés à l'échelle d'un seul pays.
   Plutôt que de s'attacher au vieux rêve irréalisable d'une armée européenne, sans doute vaut-il donc mieux promouvoir des coopérations à la carte, entre les pays qui le désirent. Un tel choix aurait d'ailleurs l'avantage de permettre à chaque peuple de conserver son entière souveraineté.

dimanche 15 mars 2015

L'euro de Waterloo, une mauvaise blague belge



L'euro de Waterloo, une mauvaise blague belge


Par Cochin 

 



   Pour commémorer le 200e anniversaire de Waterloo, la Belgique a choisi de frapper une édition spéciale des pièces de deux euros figurant le lion monumental qui, du sommet d'une butte, contemple la « morne plaine » où s'est déroulée la bataille. Sous la pression de la diplomatie française, et alors même que 180 000 pièces étaient déjà frappées, le pays a cependant renoncé à mettre ces euros en circulation.
   Tout ceci n'est bien entendu pas bien grave, mais on se demande toutefois comment cela a pu se produire. La Belgique a signalé qu'il ne s'agissait absolument pas de fêter une défaite française mais simplement une date importante de l'histoire européenne. On a tout de même du mal à penser que les Allemands ne diraient rien si la France décidait de frapper des euros représentant le moulin de Valmy, bataille non moins importante que Waterloo, comme en atteste le fameux mot de Goethe, qui disait de la bataille : « De ce jour et de ce lieu date une nouvelle époque dans l'histoire du monde ».
   L'anecdote montre bien à quel point une partie des élites qui dirigent les Etats européens a perdu totalement le contact avec les réalités nationales. Sinon, comment expliquer qu'un tel projet ait pu voir le jour sans que ne vienne à l'esprit qu'il puisse choquer certains ? Pour les Français, la défaite de Napoléon à Waterloo, magnifiée par le célèbre poème que Victor Hugo lui a consacré et évoquée dans bien d'autres chefs-d’œuvre de notre littérature, reste une défaite nationale. Et le fait que le rôle de Napoléon dans l'histoire de notre pays prête à discussion n'y change rien : le moins que l'on puisse dire, c'est que les puissances qui l'ont vaincu à Waterloo n'incarnaient pas le camp du Progrès, comme le montra par la suite l'histoire de l'Europe du premier XIXe siècle.
   En bref, considérer comme l'ont fait les Echos que la France s'est ridiculisée dans cette affaire, c'est manquer totalement le sens de ce qui s'est passé. C'est notamment faire preuve d'un aveuglement naïf, en pensant que la construction européenne aurait mis fin aux réalités nationales. Les nations qui composent l'Europe partagent sans doute très largement une histoire commune, mais elles ne la voient pas de la même façon. Bien souvent, la victoire des uns est la défaite des autres et l'on aurait bien de la peine à trouver des dates qui puissent être célébrées par l'ensemble des pays formant l'Union européenne.
   Et lorsque l'on sait la place qu'occupent les questions de mémoire, dont font partie les célébrations historiques, dans la création et le renforcement des identités nationales, on peut légitimement douter qu'un peuple européen existera un jour.

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dimanche 8 mars 2015

L'industrie française face à la financiarisation du capitalisme



L'industrie française face à la financiarisation du capitalisme


par Cochin




   La semaine dernière, France 2 a diffusé deux émissions consacrées au rôle de la finance dans l'économie française : un numéro de son magazine « Cash investigation », intitulé « Quand les actionnaires s'en prennent à vos emplois », et le documentaire « Du fer à la finance, l'empire Wendel », qui évoquait l'un des anciens fleurons de la métallurgie française, aujourd'hui reconverti en société d'investissement.
   Ces deux programmes, dont la qualité tranche avec la grande médiocrité du documentaire consacré il y a peu par le service public à la sortie de l'euro (pour son analyse par notre blog, c'est ici), ont eu le mérite d'illustrer de manière particulièrement frappante des phénomènes bien connus. Ils montrent notamment les ravages causés par le passage d'un capitalisme à dominante industrielle, recherchant le profit sur le long terme, à un capitalisme financier, plus préoccupé par des gains rapides au risque de compromettre l'avenir.

Du capitalisme industriel au capitalisme financier

   Cette financiarisation de notre économie est bien illustrée par le fait que la France est aujourd'hui le troisième pays où les actionnaires sont le mieux rémunérés, derrière les États-Unis et le Royaume-Uni (en 2014, les entreprises du CAC 40 ont ainsi versé 46 milliards d'euros à leurs actionnaires). Une telle générosité alors même que la crise touche toujours fortement l'économie française est liée principalement à la mise en place de politiques sacrifiant l'avenir des entreprises pour assurer des gains rapides.
   « Cash Investigation » a ainsi porté son attention sur Sanofi, deuxième entreprise du CAC 40 et troisième entreprise pharmaceutique du monde. Cet exemple éclaire particulièrement bien les dérives actuelles dont souffre l'économie française. Dans le but de faire monter rapidement le cours de l'action, les dirigeants de l'entreprise ont en effet fait le choix de diminuer très fortement les investissements et de supprimer des emplois (4 000 en France entre 2008 et 2013). Ainsi, si sur le court terme Sanofi peut paraître gagnante, cela se fait non seulement aux dépens de ses salariés, mais aussi au détriment de l'avenir même de l'entreprise, puisque, comme le signale son ancien patron, la baisse des investissements et du nombre d'employés a pour conséquence de nuire à la recherche et notamment à la mise au point de nouveaux médicaments.
   La stratégie suivie par les actuels dirigeants de Sanofi est loin d'être un cas unique. Elle est encouragée par le poids de plus en plus important pris par les actionnaires dans la gestion des entreprises. En France, en 1980, les dividendes versés aux actionnaires constituaient ainsi la moitié des sommes consacrées aux investissements par les entreprises ; aujourd'hui, le rapport s'est inversé puisqu'ils représentent deux fois et demi les investissements.

Le rôle des fonds d'investissement

   Cet abandon d'une logique industrielle au profit d'une logique purement financière est bien illustré par le poids de plus en plus important acquis par les fonds d'investissement dans l'économie mondiale. Le documentaire de France 2 sur l'entreprise Wendel montre ainsi comment, sous la direction d'Ernest-Antoine Seillière, l'entreprise Wendel, ancien fleuron de la métallurgie française, a opéré une mue pour devenir une des principales sociétés d'investissement françaises.
   Les méthodes utilisées pour obtenir des revenus sur le court terme sont les mêmes que celles utilisées par certains fonds de pensions américains : une entreprise est rachetée grâce à l'apport par le fonds d'une petite partie de sa valeur, le reste étant obtenu par le recours au crédit (c'est ce que l'on appelle un LBO) ; ensuite, il s'agit de pressurer l'entreprise pendant plusieurs années pour qu'elle dégage très rapidement les fonds nécessaires au remboursement du crédit, avant de la revendre.
   Une telle politique est menée bien évidemment au détriment des investissements et de l'emploi, c'est-à-dire de l'avenir même de l'entreprise en question, qui est littéralement pillée.

La nécessité d'une action politique en rupture avec le capitalisme financier triomphant

   Il est ainsi beaucoup trop facile d'affirmer que la désindustrialisation de notre pays serait due à ses coûts salariaux ou à l'importance des taux d'imposition. Le problème est bien davantage lié au développement d'une logique de prédation, qui vise à une rentabilité maximale sur le court terme en sacrifiant l'avenir des entreprises. À ce titre, le fait qu'Ernest-Antoine Seillière, qui est le symbole vivant du sacrifice de l'industrie à la finance, ait pu diriger pendant huit ans le principal syndicat patronal français montre à quel point les propositions du MEDEF sont loin de représenter les intérêts économiques de notre pays.
   Interrogé par Élise Lucet à propos de l'importance des dividendes accordés par Sanofi (alors que, depuis 2011, les bénéfices de l'entreprise ont diminué, les dividendes qu'elle a versés ont augmenté), le ministre de l'économie Emmanuel Macron lui répond : « Je pense qu'il faut avoir un discours très clair ».
   On est cependant en droit de penser qu'un discours ne suffira pas et qu'il serait temps de passer aux actes.

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mercredi 4 mars 2015

Comment la Grèce peut sortir de la crise



Sortie de l'euro et défaut partiel : comment la Grèce peut sortir de la crise

A propos d'une tribune parue récemment sur le site des Echos


Par Cochin




La solution pour la Grèce passe par une sortie de l'euro accompagnée d'un défaut partiel

   C'est une excellente analyse de la situation actuelle de la Grèce que livre Jean-Loup Bonnamy sur le site des Echos. Pour lui, seule une sortie de l'euro accompagnée d'un défaut partiel sur sa dette peut permettre au pays de mettre fin à la crise économique qu'il subit de plein fouet. 
   L'auteur part du constat que l'accord entre la Grèce et ses « partenaires » européens implique la renonciation par Tsipras à une bonne partie de ses promesses de campagne. Cette situation n'est pas due à un quelconque reniement du gouvernement grec mais simplement au fait que le rapport de forces dans cette négociation lui était objectivement défavorable. Pourquoi ? Parce que les « partenaires » de la Grèce tenaient le nerf de la guerre : l'argent. Si la Grèce ne cédait pas face à leurs exigences, il était facile de lui couper les vivres, comme la BCE avait déjà commencé à le faire avant même le début des négociations. 
   Dès lors, pour J.-L. Bonnamy, il n'existe qu'une seule solution pour régler le problème de la Grèce : « quand une équation ne peut être résolue, il convient d’en changer les termes pour retrouver des marges de manœuvre. Pour les Grecs, ce changement des termes du problème passe par un défaut partiel sur leur dette et une sortie de l’Euro ».
   L'auteur explique qu'une telle décision aurait « un grand inconvénient et deux grands avantages ». L'inconvénient, c'est que le défaut empêcherait Athènes de trouver pendant un certain temps des financements à l'étranger. Les deux avantages, ce sont la baisse du poids de la dette et la restauration de la compétitivité grecque, grâce à une dévaluation de sa monnaie. Or l'inconvénient n'en est pas vraiment un, puisque l'aide européenne n'est principalement utilisée que pour rembourser les emprunts du pays et qu'elle ne sert par conséquent pas l'économie réelle. Par ailleurs, le fait que le budget grec se retrouve en situation d'excédent primaire (autrement dit, que, si l'on ne prend pas en compte le remboursement de la dette, il se trouve en excédent) fait que l'impossibilité de se financer à l'étranger ne serait pas un véritable problème.

Servir la finance ou défendre les intérêts du peuple ? 

   Contrairement à bien des analyses, qui se placent généralement dans l'ordre de la morale (et plus précisément de la morale capitaliste), la position défendue par J.-L. Bonnamy a le mérite de s'inscrire d'emblée dans le registre politique. Pour l'auteur, le remboursement par un État de ses dettes ne constitue en rien un « devoir » auquel il devrait se soumettre à tout prix. L'Etat n'y est en effet tenu que si ce remboursement est dans l'intérêt de son peuple. 
   Dans la plupart des cas, en remboursant ses dettes, un État a plus à gagner qu'à perdre, étant donné qu'il pourra ainsi à nouveau emprunter tant qu'il en aura besoin. Seulement, la Grèce se trouve dans une situation où le remboursement lui coûte aujourd'hui bien plus qu'il ne lui rapporte. Dès lors, que doit-elle faire ? « Un gouvernement doit toujours agir en fonction des intérêts de son peuple », rappelle J.-L. Bonnamy, et, dès lors, le gouvernement grec ne doit pas sacrifier les intérêts des Grecs à ceux de la finance de marché. 
   Contrairement au raisonnement moral, qui fait du remboursement des dettes un impératif catégorique auquel il faudrait se soumettre quelle que soit la situation, le raisonnement politique pèse les avantages et les inconvénients de chaque décision pour le pays, de manière à agir ensuite en conséquence. Il a donc le mérite de remettre en cause les arguments utilisés notamment par la presse allemande, selon lesquels il n'y aurait aucune alternative à la politique actuelle, même si celle-ci ruine un pays entier. Et lui seul offre une place centrale à l'intérêt général.

La sortie de l'euro et le défaut partiel ne peuvent être envisagés séparément 

   La tribune de J.-L. Bonnamy a enfin pour intérêt de souligner que la sortie de l'euro et le défaut partiel n'auront d'intérêt que s'ils sont réalisés ensemble, et accompagnés d'un certain nombre de réformes importantes (investissement massif, développement des énergies renouvelable, amélioration de l'administration fiscale, lutte contre le clientélisme, recul de l'âge de départ à la retraire, etc.). En effet, dans  le cas d'un simple défaut sans rupture avec la monnaie unique, « la dette annulée sera bien vite reconstituée du fait de l’absence de compétitivité grecque, engendrée par l’euro qui est bien le problème de fond de la Grèce. La cause du problème n'aura donc pas été traitée. 110 milliards d’euros de dettes ont déjà été annulés en 2012 et pourtant le ratio dette sur PIB est actuellement plus élevé qu’avant cette restructuration ».


   Une sortie de l'euro sans défaut partiel rendrait la dette insoutenable, du fait de la dévaluation de la nouvelle monnaie du pays ; un défaut partiel sans sortie de l'euro ne réglerait pas en profondeur les maux dont souffre le pays et les mêmes problèmes se poseraient à nouveau dans quelques années. Ces deux solutions partielles, défendue pour la première par N. Dupont-Aignan et pour la seconde par J.-L. Mélenchon, ne suffiront pas : sortie de l'euro et défaut partiel sur sa dette sont en effet les deux jambes sur lesquelles la Grèce devra se mouvoir pour sortir de l'impasse actuelle.

mardi 3 mars 2015

Pourquoi la démographie allemande est aujourd'hui un problème pour la France



Pourquoi la démographie allemande est aujourd'hui un problème pour la France


Par Cochin




   De manière régulière, l'on peut entendre les hommes politiques ou les médias signaler parmi les principaux points forts de notre pays sa démographie. De fait, l'indice de fécondité français (qui renvoie au nombre d'enfants par femme en âge de procréer) est dans notre pays de 2 quand il n'est que de 1,4 en Allemagne, où sa chute a suivi la mise en place des réformes Schröder (qui, pour cette raison et pour bien d'autres, loin d'avoir été un atout pour ce pays, semblent au contraire en avoir sacrifié l'avenir). 
   Bien souvent, une telle statistique, qui fait de la France un cas assez singulier en Europe, où seule l'Irlande conserve une natalité semblable, est considérée comme un atout pour l'économie française. Celle-ci devrait devrait en effet à moyen terme ne pas avoir les mêmes problèmes que ses voisins au sujet du financement des pensions de retraités de plus en plus nombreux alors même que le nombre des travailleurs baisse.
   Cependant, ce que l'on oublie généralement de signaler, c'est que cette situation est, aujourd'hui et dans l'Europe actuelle, davantage un problème qu'un atout pour notre pays.

Faiblesse démographique et préférence pour l'austérité

   La Tribune a récemment publié des extraits d'une note d'Olivier Passet (Xerfi) à propos de l'influence de la démographie sur les comportements économiques en Allemagne et au Japon. L'étude est intéressante en cela qu'elle remet partiellement en cause l'idée selon laquelle la politique allemande serait avant tout liée à des facteurs culturels (un goût naturel pour l'austérité, « un sérieux et une rigueur toute germanique » diraient même nos élites germanobéates) : pour O. Passet, c'est bien davantage la faiblesse démographique du pays qui explique ses choix en matière économique. 
   Comme le signale l'économiste, les deux régions qui sont aujourd'hui touchées (ou menacées de l'être) par la déflation sont aujourd'hui le Japon et l'Allemagne et la zone euro prise dans son ensemble, c'est-à-dire des régions dont la démographie est particulièrement faible. C'est donc une situation d'atonie démographique qui expliquerait d'abord la forte préférence de ces pays pour l'épargne, un déficit chronique de demande intérieure, un excédent courant massif et la recherche de rendements en dehors de leurs frontières pour asseoir la rente des retraités, avec pour corollaire une tendance déflationniste chronique. 
   Parce que leur population y croit peu voire décroit, ces pays n'ont nullement besoin d'une forte croissance et ont ainsi tendance à privilégier une très faible inflation, de manière à ne pas remettre en cause l'épargne de leurs citoyens. C'est cela qui pousse l'Allemagne a encourager la politique d'austérité que subit la zone euro.

Les conséquences pour la France

   C'est bien entendu d'une toute autre politique dont la France, du fait de sa propre démographie, aurait besoin. En raison de sa natalité combinée à une immigration importante, celle-ci a en effet besoin de favoriser la croissance, les investissements et donc in fine une certaine inflation. 
   Le problème, c'est que notre pays est bien seul en Europe à se trouver dans cette situation. Nos voisins italiens et espagnols sont du point de vue démographique bien plus proches de l'Allemagne que de nous. 
   Cet écart entre les démographies des différents pays européens (et donc entre les mesures économiques qui leur conviendraient) est un des arguments les plus importants contre la mise en place de politiques économiques communes à l'ensemble de la zone euro, qui ne peuvent se faire qu'au détriment de certains. C'est aussi une des raisons les plus fortes pour refuser le fameux « modèle allemand » qui fascine tant à l'UMP, à l'UDI et même au PS.

dimanche 1 mars 2015

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Chaque dimanche, l'Ami du peuple souverain vous proposera désormais une sélection brièvement commentée des publications de la semaine écoulée touchant les questions de souveraineté nationale.



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  • Coralie Delaume, « L'invention de l'Europe - Emmanuel Todd ». C. Delaume publie ici la préface donnée par Emmanuel Todd à la réédition en 1995 de L'invention de l'Europe. Le caractère prémonitoire de ce texte est tout bonnement impressionnant.
  • Laurent Herblay, « Et si le FN faisait à l’UMP ce que Syriza a fait au PASOK ? ». L. Herblay soutient l'idée que, affaiblie par différents scandales qui touchent en premier lieu son président et soumise à la concurrence du FN, l'UMP pourrait bien subir le sort du PASOK.
  • Jacques Sapir, « L’hypothèse d’un “GREXIT” ». J. Sapir analyse ici les conséquences d'une sortie de l'euro pour l'économie grecque.

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vendredi 27 février 2015

Quelques mots à propos d'un récent article des Echos sur une sortie de l'euro



Quelques mots à propos d'un récent article des Echos sur une sortie de l'euro


Par Cochin


Un article intéressant et nuancé

   Paul-Adrien Hyppolite et David Amiel viennent de publier dans Les Echos un article cherchant à évaluer le coût d'une sortie de la France de la zone euro afin d'en démontrer l'impossibilité. Cet article, disons-le tout de suite, est d'une qualité bien supérieure à l'atterrant docu-fiction diffusé la semaine dernière sur France 5 et déjà commenté sur ce blog. Les auteurs ont en effet mené avec rigueur et précision un véritable travail de recherches, au contraire de l'émission de France 5, qui fondait uniquement son raisonnement sur les explications de certaines autorités (dont la principale était J. Attali, ce qui en dit long…).
   Les auteurs de l'article admettent par ailleurs sans chercher à les éluder les importants problèmes liés à l'euro, notamment le fait que « dans les années de relative prospérité qui ont suivi sa naissance, il a amplifié les divergences entre les économies européennes » et que « par le maintien d’un taux de change commun élevé [il] a accentué la désindustrialisation de certaines économies au détriment d’autres ». De même, ils rappellent que, une fois la crise déclenchée, la monnaie unique a contraint les Etats « à la dévaluation interne, autrement dit à baisser "à la main" les prix et les salaires au prix de taux de chômage épouvantables et de tensions financières redoutables ».
   Mais selon eux, malgré tous ces problèmes, une sortie de l'euro n'est pas souhaitable du fait des multiples difficultés qu'elle engendrerait. Les arguments qu'ils mettent en avant pour justifier cette idée sont cependant discutables. 

 

Une analyse discutable

   Le premier défaut de cet article est qu'il met l'accent sur les coûts d'une sortie de l'euro (coûts que personne ne nie), sans en pointer les avantages, bien signalés par J. Sapir, en terme de baisse du chômage et de réindustrialisation (donc d'enrichissement) du pays.
   Par ailleurs, les auteurs raisonnent comme si une sortie de la France de la monnaie unique ne provoquerait pas la destruction à court terme de celle-ci. Pourtant, la France est un maillon fondamental de l'eurozone, étant donné qu'il s'agit de la deuxième économie du continent et d'un pays qui fait le lien entre les économies du Nord et les économies du Sud. En quittant la zone euro, elle déstabiliserait donc fortement celle-ci. Elle le ferait d'ailleurs d'autant plus que l'avantage qu'offrirait aux entreprises françaises une dévaluation du franc rendrait à court terme insoutenable pour des pays comme l'Italie ou l'Espagne leur maintien dans la monnaie unique, alors même que leurs firmes subiraient fortement la concurrence des entreprises françaises.

Le problème de la dette des entreprises privées

   L'argument central développés par les deux auteurs concernent toutefois la question des dettes des entreprises privées. Ils rappellent en effet le problème que poseraient les dettes que des entreprises françaises ont contractées sur des marchés étrangers et dont le montant, après un retour au franc, resteraient établis dans sa monnaie d'origine (dollar, euro s'il existe encore, etc.). Ces emprunts, du fait de la dévaluation du franc, seraient en effet bien plus coûteux à rembourser et pourraient par conséquent mettre en danger les finances des entreprises en question, si leurs recettes sont réalisées en France (et donc en francs).
   Après avoir mené une étude des bilans de soixante-deux des plus grands groupes français, P.-A. Hyppolite et D. Amiel signalent que ce problème toucherait une grande partie des sociétés financières (dont BNP Paribas et la Société générale) ainsi que des entreprises comme la SNCF ou Orange. Ils chiffrent à 18 milliards d'euros, soit 1 % du PIB actuel, le montant que l’État devrait dépenser pour compenser les difficultés de ces entreprises liées à une dévaluation de 20 %.
   A cela, deux choses peuvent être rétorquées. La première est qu'une intervention de l’État à hauteur de 1 % du PIB du pays ne peut pas être considérée comme étant particulièrement coûteuse si une sortie de la monnaie unique permet par ailleurs de relancer l'économie du pays en la libérant des liens qui la brident. La seconde, sans doute plus cynique, concerne la question du secours aux banques en difficulté. Un énième appel à l'aide des banques serait l'occasion de réaliser ce qui aurait déjà dû être fait en 2008, lorsque l'aide de l'Etat leur avait permis de survivre à la crise : nationaliser une partie d'entre elles, ce qui permettrait par la suite à la puissance publique de disposer des leviers nécessaires pour mener une politique économique ambitieuse.

jeudi 26 février 2015

Petite leçon d'histoire contre les discours apocalyptiques sur la sortie de l'euro

16 septembre 1992, le Royaume-Uni quitte le système de change européen
White Wednesday ou Black Wednesday ?



Par Alex




    Alors que certains pays européens, plus particulièrement certains partis politiques de ces pays, en période de crise, se posent la question de quitter l'euro, retour sur le «
Black Wednesday », jour où le Royaume-Uni a quitté le système de change européen/système monétaire européen. Loin des prophéties d'apocalypse, Bernard Conolly, ancien économiste de la Commission européenne parla de « White Wednesday » et pour cause : loin d'apporter la fin des temps économiques, le White/Black Wednesday déclencha une forte reprise économique au Royaume-Uni alors que l'Union européenne s'enfonçait dans la récession.



La crise britannique du début des années 1990

    Le système monétaire européen ou SME (1979-1993) fut le produit de la volonté des États européens d'éviter l'instabilité monétaire au sein du vieux continent. Toutefois, les marges de fluctuations tolérées entre les monnaies étaient trop faibles (2,25 %) pour refléter la diversité des situations économiques des États membres. Le SME n'a pas pu encaisser le choc de la crise monétaire de 1992-1993, il est alors suspendu de facto alors que les marges de fluctuations sont étendues à 15 %. 
    Depuis l'entrée du Royaume-Uni dans le mécanisme de change européen en octobre 1990, la livre était surévaluée, ce qui nuisait gravement aux exportations du pays. Les investisseurs se détournaient de la livre sterling en anticipation d'une dévaluation inévitable. Le pays était alors obligé d'endurer des taux d’intérêts très élevés afin de respecter les règles européennes et maintenir sa monnaie dans les marges de fluctuation définies par les traités. Les résultats furent dramatiques : la croissance économique passa de 2,6 % en 1989 à -1,8 % en 1991 tandis que le taux de chômage bondissait de 5,8 % en octobre 1990 à 10 % en septembre 1992.
   Mi 1992, la situation économique britannique se dégrade, entre en scène Georges Soros, qui engage massivement son fonds d'investissement Quantum fund dans la spéculation sur la livre sterling. Le gouvernement britannique doit alors choisir : soit il se conforme aux traités européens et doit freiner les sorties de capitaux par une augmentation drastique des taux d’intérêts, ce qui aurait aggravé la récession britannique. Soit il décide de laisser la livre sterling se déprécier en sortant du système monétaire européen. Comme chacun le sait, ce fut la deuxième option qui fut choisie.

Les conséquences positives de la sortie du SME

   La fin de la subordination de l’intérêt économique du pays aux règles européennes eut des effets positifs immédiats. La livre se déprécia de 15 %, tandis que les taux d’intérêt revinrent à des niveaux soutenables, déclenchant un boom des exportations et de l'investissement. La croissance bondit de 0,9  % en 1992 à 3,1 % en 1993 tandis que l'Union européenne s'embourbait dans une récession avec une croissance de -0,1 % du PIB. La croissance économique britannique sera dès lors jusqu'en 2007 quasi systématiquement supérieure à celle de l'Union européenne à quinze. 
   Paradoxalement, ce sont les « spéculateurs » qui ont « délivré » le Royaume-Uni de son aveuglement et lui ont permis de renouer avec la prospérité. Le très keynésien Paul Krugman, « prix Nobel » d’économie 2008 nota lui-même que « pour le Britannique ordinaire, l'attaque de Soros sur la livre sterling engendra principalement des bonnes choses » (The return of depression economics, 1999). Toutefois, coté français et européen on préféra les théories complotistes et l'idéologie aux explications macro-économiques et on continua dans la poursuite de l'unification monétaire. Le chef économiste en charge du SME et de la politique monétaire (Bernard Connolly, déja cité) fut d'ailleurs remercié pour avoir critiqué dans un livre (The Rotten Heart of Europe, 1996) le fonctionnement du SME et la marche à la monnaie unique.


   Les enseignements tirés de l'histoire du SME ne sont pas anodins car, d'une certaine manière, l'euro peut-être vu comme un mécanisme de change européen où les parités ont été irrémédiablement fixées entre les différentes monnaies, toutes dénommées « euro ». Dès lors, il y a de grandes ressemblances dans le fonctionnement des deux systèmes monétaires. Bien sûr, comparaison n'est pas raison, mais l'histoire du White Wednesday nous montre que l'on doit accueillir les prophéties catastrophistes telles que celles décrites dans le documentaire diffusé sur France 5 « Bye Bye l'euro » avec la plus grande prudence.

mercredi 25 février 2015

La lutte du peuple grec pour sa souveraineté ne fait que commencer



La lutte du peuple grec pour sa souveraineté ne fait que commencer


Par Cochin




   De toute part, les commentaires fusent depuis ce week end pour analyser les conséquences de l'accord conclu entre la Grèce et l'Eurogroupe. Capitulation et reniement de Tsipras crient les uns (et Le Monde de le faire avec une délectation obscène), victoire de la Grèce affirment joyeusement les autres. La situation reste pourtant très précaire, car l'accord de vendredi ne fait que repousser à une date prochaine (dans quatre mois) les véritables décisions, si bien que chercher aujourd'hui un vainqueur et un vaincu risque fort d'être une activité assez vaine.
    Mais qui, de toute façon, pouvait sérieusement penser que le gouvernement d'Alexis Tsipras serait capable, en quelques semaines, de renverser totalement à son avantage le rapport de force en Europe alors même que la Grèce se retrouve largement isolée face à ses « partenaires » (le vocabulaire européiste est décidément bien amusant) ? Face à une Allemagne qui a depuis maintenant plusieurs années pris l'habitude de voir les autres pays se coucher piteusement devant ses exigences (notre pays n'a, hélas, que trop souvent montré la voie dans cette soumission), comment un pays aussi petit que la Grèce aurait-il pu l'emporter aussi rapidement ?
   L'accord de vendredi dernier, s'il n'est pas sans défaut, a tout de même un avantage : il donne à Tsipras du temps (quatre mois), pour préparer son pays aux prochaines négociations. Vendredi dernier, il avait à faire avec une situation largement héritée de ses prédécesseurs ; en quatre mois, il aura, s'il le souhaite vraiment, le temps de faire en sorte que son pays puisse véritablement mener un combat avec l'Union européenne.


    Certains diront sans doute qu'il n'y a rien à attendre d'un gouvernement qui, refusant de sortir de la monnaie unique, se prive des moyens de rompre les liens qui enchaînent son pays aux politiques d'austérité. C'est toutefois oublier que la Grèce, du fait même de la précarité de sa situation, n'est pas à l'abri d'un de ces emballements dont l'histoire des révolutions donne de nombreux exemples et qui amènent les hommes à aller bien plus loin qu'ils ne le désiraient à l'origine.
   Alors qu'en juillet 1789 seule une minorité de révolutionnaires pouvaient rêver de l'abolition de la monarchie en France, la République fut bel et bien proclamée seulement trois ans plus tard. Il n'est donc pas impossible que, d'ici quatre mois, la Grèce, poussée par un enchaînement d'événements imprévus, choisisse de détruire la monnaie unique.

lundi 23 février 2015

A propos du docu-fiction de France 5 sur la sortie de l'euro




A propos du docu-fiction de France 5 sur la sortie de l'euro

Par Cochin




   Après en avoir entendu parlé, j'ai décidé de regarder le docu-fiction sur une sortie de l'euro que France 5 a diffusé mardi dernier. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il ne brille pas par sa finesse.
   Passons sur le format en lui-même, celui du docu-fiction, qui n'est pas sans poser problème parce qu'il présente comme réel ce qui n'est jamais qu'une hypothèse et abouti ainsi à semer la confusion dans l'esprit du téléspectateur. À ce titre, un simple documentaire ou même un débat entre partisans et adversaires de la fin de la monnaie unique aurait été préférable.
   C'est d'ailleurs sans doute la forme qui aurait été choisie par les auteurs de ce programme s'ils avaient voulu réaliser une émission sans parti pris laissant chacun se faire son avis en écoutant les arguments des uns et des autres. Mais, là est bien le problème : il s'agissait d'un docu-fiction à charge, dont le seul but était de faire passer passer la crise des années 30 pour une promenade de santé à côté de ce que la France affronterait en cas de sortie de l'euro.

Des partisans d'une sortie de l'euro sous-représentés

   Témoigne de ce parti pris la sous-représentation des partisans d'une sortie de l'euro. Si J. Sapir n'est pas trop mal loti, il se retrouve en effet bien isolé et a de toute façon bien moins la parole que l'irremplaçable J. Attali, dont la qualité de la pensée et la finesse des analyses ont toujours su sauver la France depuis maintenant plus de trente ans qu'il conseille tous nos gouvernants, de droite comme de gauche (voilà au passage quelque chose qui apporte de l'eau au moulin de ceux qui, à l'instar d'un J.-C. Michéa, considèrent que l'opposition droite/gauche est largement fictive aujourd'hui et que nous avons désormais affaire à un régime d'« alternance unique »).
   Et au-delà de J. Sapir ? N. Dupont-Aignan apparaît brièvement à deux reprises, dont la première fois juste avant M. Le Pen (de manière à bien montrer que tout cela, c'est la même chose ; mais on ne s'étonnera plus du procédé, dont J.-L. Mélenchon a lui-même régulièrement à pâtir). Par ailleurs, aucune personnalité de gauche n'apparaît pour critiquer la monnaie unique (alors que, oui, il en existe, même si, de même d'ailleurs qu'à droite, elles restent pour l'instant minoritaires). Interroger J.-P. Chevènement aurait à ce titre été judicieux.
   Du côté des partisans de la monnaie unique, honneur est rendu à F. Baroin, qui vient nous expliquer, chiffres grandiloquents à l'appui (mais on ne nous dira jamais qui a sorti de si beaux chiffres ni comment ils ont été produits), que la France connaîtrait sans l'euro le chômage de masse et des faillites à répétition (choses qui, bien entendu, n'existent pas sous le régime de la monnaie unique, qui nous a apporté une prospérité que le monde entier nous envie).

De graves problèmes factuels

   À côté de ces problèmes posés par le fait que la parole soit quasi exclusivement donnée à des partisans de la monnaie unique, il faut surtout noter de graves problèmes factuels, qui montrent la faiblesse de l'analyse qui sous-tend ce docu-fiction.
   Le premier et le plus grave d'entre eux vient du fait que, dans le scénario envisagé, la France serait seule, avec l'Italie, à quitter la monnaie unique. Il est pourtant évident que si la France et l'Italie quittaient la monnaie unique, celle-ci imploserait à très court terme, ne serait-ce que parce que les dévaluations des monnaies de ces deux pays augmenteraient fortement leur compétitivité par rapport aux économies des pays restés dans l'euro (le docu-fiction reconnaît d'ailleurs lui-même ce très fort gain de compétitivité) : des pays comme l'Espagne ou la Belgique seraient contraints de choisir entre sortir de la monnaie unique et y rester en voyant leur industrie et leur agriculture être littéralement saignées à blanc par les concurrences française et italienne. Dès lors, expliquer qu'en cas de sortie de la monnaie unique la France deviendrait le mouton noir de l'Europe ne tient pas.
   Le scénario proposé n'est donc pas conforme à ce qui pourrait bien se passer. Cela n'est d'ailleurs pas très étonnant lorsque l'on voit les inexactitudes qui parsèment l'émission et qui montrent un certain amateurisme de la part de ses producteurs. Ainsi, il nous est par exemple expliqué que la loi de 1973 a interdit à l’État d'emprunter à la Banque de France, ce qui est une idée fausse quoique répandu (ce qui, au passage, ne signifie pas que cette loi ait été une bonne loi, mais les problèmes qu'elle pose sont autres). C'est en effet le traité de Mastricht qui va rendre cela impossible.
   Passons enfin rapidement, car c'est presque anecdotique, sur le mépris des Français montré par les auteurs du documentaire lorsqu'ils imaginent que les citoyens choisiraient pour illustrer les nouveaux billets de franc la figure de Dany Boon. On reste abasourdi devant tant de bêtise…

   En résumé, ce docu-fiction tient davantage de la fiction que du documentaire, tant les fondements sur lesquels il s'appuie sont fragiles. Il ne s'agit en réalité que d'une des manières dont le système actuel chercher à se légitimer en défendant à tout prix la monnaie unique et en montrant tous les malheurs qui s'abattraient sur la France si celle-ci venait à disparaître. Et, même cela, il ne le fait que de manière très imparfaite, puisqu'il oublie de mentionner les invasions de sauterelles, les eaux de la Seine changées en sang et la mort des premiers nés…

samedi 21 février 2015

L'agriculture française, victime du libéralisme européen


L'agriculture française, victime du libéralisme européen

Par Cochin





Un intérêt bien provisoire

   En cette fin de semaine, avec l'ouverture du Salon qui lui est consacré à Paris, l'agriculture va devenir – très provisoirement – le sujet préféré d'une bonne partie des médias et des hommes politiques. Comme chaque année, ces derniers seront nombreux à se rendre pour quelques heures dans le Salon pour expliquer l'importance de ce secteur pour notre pays, faire l'éloge d'une France paysanne dure au travail ou encore rappeler la force des valeurs attachées au monde de la terre. Et puis, comme chaque année, la plupart oublieront tous ces beaux discours une fois le Salon terminé et ne reparleront plus des questions agricoles, sinon au moment d'une de ces crises qui enflamment, de plus en plus souvent, une partie du monde agricole en raison de ses revenus de plus en plus minces.
   Mais combien rappelleront que les problèmes que rencontre depuis maintenant bien longtemps l'agriculture ne sont pas une simple fatalité qu'il faudrait simplement gérer en essayant d'en adoucir autant que faire se peut les conséquences ? Plutôt que de tenter limiter les effets de la crise, il serait pourtant plus efficace d'en attaquer les causes, et parmi elles notamment la libéralisation mortifère imposée par l'Union européenne.

La responsabilité de l'Union européenne dans la crise de l'agriculture française

    De fait, l'Union européenne, qui avait à l'origine, à travers la PAC, été un instrument au service de notre agriculture (via les subventions ainsi que les barrières douanières), est devenue, en promouvant une libéralisation à outrance, l'une des principales causes de sa crise. Les effets d'une telle politique se retrouvent à la fois dans la concurrence que se livrent entre elles les différentes agricultures nationales et dans la rivalité que la libéralisation a créées entre les travailleurs des pays occidentaux et ceux des pays de l'Est.
    En ce qui concerne le premier point, de nombreux secteurs agricoles français sont confrontés à la concurrence déloyale de producteurs qui profitent des salaires de misère qu'ils payent à leurs employés pour réduire leurs prix de vente (sans toucher, bien évidemment, à leurs profits). Le cas le plus fameux est bien entendu celui des éleveurs de porcs bretons, touchés par la concurrence de producteurs allemands qui ont profité de l'élargissement de l'Union européenne à l'Est pour exploiter avec profit la main-d’œuvre des anciens pays communistes.
   Mais cette concurrence à tout-va promue par les (dé)réglementations européennes se fait aussi désormais entre producteurs français, notamment sous l'effet de la directive sur le travail détaché. Les producteurs qui emploient des salariés français se retrouvent en effet fortement pénalisés par rapport à ceux qui emploient des travailleurs détachés venus de pays où les cotisations sociales sont bien plus faibles.
   Disons-le clairement, il ne s'agit pas ici de dénoncer les travailleurs des pays de l'Est, qui ne sont jamais que de pauvres personnes dont on exploite la misère, mais le mécanisme du travail détaché, qui permet la mise en concurrence des différents systèmes de protection sociale aux dépens des plus avancés. En organisant à travers des mécanismes de ce type une concurrence féroce entre les travailleurs européens, l'Union européenne crée de toutes pièces des problèmes de "coût du travail" qui n'existaient pas jusque-là : les producteurs, pour ne pas être balayés par la concurrence, se voient mécaniquement obligés d'embaucher les travailleurs dont les cotisations leur coûteront le moins, car s'ils ne le font pas les autres le feront.
   L'exemple de l'agriculture témoigne donc bien du fait que, loin de promouvoir une Europe plus solidaire, l'Union européenne, par sa politique néolibérale, ne fait en réalité qu'exacerber les rivalités et les tensions entre ses citoyens.

jeudi 19 février 2015

La Grèce et l'euro. A propos des dernières déclaration de Valéry Giscard d'Estaing



La Grèce et l'euro.

À propos des dernières déclarations de Valéry Giscard d'Estaing

Par Cochin




Une déclaration importante

   L'ancien président de la République Valéry Giscard d'Estaing vient de prendre position dans Les Echos d'aujourd'hui en faveur d'une sortie de la Grèce de la zone Euro. Parce qu'elle émane du rédacteur de feu le projet de constitution pour l'Europe, viscéralement attaché à la construction européenne telle qu'elle se fait actuellement, l'importance d'une telle prise de position ne doit pas être négligée.
   Elle montre en effet que les prêtres les plus fervents dans le culte du veau d'or européen commencent à douter des pouvoirs bienfaisants de leur idole. Elle témoigne surtout (pour qui en doutait encore) qu'une sortie de la zone euro ne plongerait pas le pays qui s'y engagerait dans le chaos que prédisent certains mais pourrait au contraire être la première étape d'un renouveau.
   Comme le note fort justement l'ancien président de la République (qui n'a pas pourtant toujours fait preuve au sujet des affaires européennes d'une telle lucidité d'esprit), « la question fondamentale est de savoir si l’économie grecque peut repartir et prospérer avec une monnaie aussi forte que l’euro. La réponse est clairement négative . […] La proposition implicite du nouveau gouvernement grec suppose une dévaluation de la monnaie. Tout simplement parce que le programme sur lequel il a été élu est irréalisable avec une monnaie forte ».

Ce qui rend nécessaire la sortie de la Grèce de la zone Euro

   Deux éléments sont à retenir dans cette analyse.
   Le premier, c'est la question du cours de l'euro par rapport aux autres monnaies de la planète. Pour l'économie grecque (comme pour celle de notre pays), l'euro est une monnaie beaucoup trop chère, ce qui pèse lourdement sur le commerce extérieur. Il pénalise ainsi les exportations et favorise les importations, ce qui entraîne mécaniquement la montée du chômage, en lien avec la fermeture de certaines entreprises, devenues moins compétitives (non pas à cause de droits sociaux qui seraient trop importants, comme le clament en choeur les néolibéraux, mais parce que la monnaie que ces mêmes néolibéraux portent aux nues est trop forte).
   Le second élément à retenir est que la Grèce (et, là encore, on pourrait dire la même chose de la France) a également besoin de dévaluer sa monnaie par rapport à celle de ses actuels partenaires européens, ce que la monnaie unique rend bien évidemment impossible. Et, faute d'une dévaluation, l'économie grecque est condamnée, pour ne pas être laminée par les économies du Nord de l'Europe, dont la productivité est bien supérieure, à la déflation salariale, c'est-à-dire à la baisse des salaires, et notamment des plus faibles d'entre eux.
   Tant que la monnaie unique survivra, seule la destruction des législations sociales pourra permettre de maintenir la compétitivité des pays de l'Europe méditerranéenne. Pour cette raison, la monnaie unique doit être démantelée (et, à ce titre, le passage à une monnaie commune ayant des déclinaisons nationales permettrait de conserver la plupart des intérêts de l'euro actuel tout en en faisant disparaître les inconvénients).
   Il existe bien une seconde possibilité pour réduire l'écart entre l'Europe du Nord et l'Europe méditerranéenne : ce serait la mise en place d'une Europe sociale, où les pays les plus riches, se découvrant tout à coup une âme généreuse, consentiraient à relever chez eux les salaires et même à transférer une partie de leurs richesses vers les pays les plus pauvres. Mais qui, en dehors d'un de ces militants candides (ou, parfois même, simplement hypocrites) dont regorgent le PS et EELV, peut encore croire à de tels contes pour enfants ?

mercredi 18 février 2015

Quelques mots sur le recours au 49-3

Quelques mots sur le recours au 49-3


Par Cochin






  Faute d'une majorité certaine pour voter le projet de loi présenté par Emmanuel Macron et dans le but d'éviter la grave crise politique qu'aurait inévitablement entraîné un rejet du texte par les députés, le gouvernement a annoncé hier qu'il recourait à l'article 49-3 de la constitution, qui lui permet de faire passer un projet de loi sans que celui-ci ait été voté par les députés. Le seul moyen pour ces derniers de s'opposer à ce texte est désormais le vote d'une motion de censure à la majorité absolue, ce qui amènerait très certainement le président de la République à dissoudre l'Assemblée nationale.
  Passons sur l'amusement que provoque le recours à un tel procédé, que François Hollande dénonçait lui-même en 2006 comme « un déni de démocratie » et venons-en à l'essentiel. Loin d'être un déni de démocratie, ce recours au 49-3 est l'occasion pour chacun de clarifier son positionnement politique et permettra donc aux citoyens de connaître, au-delà des seules postures rhétoriques, les opinions de chaque député. Parce que les conséquences d'un vote de censure seraient particulièrement importantes, celui-ci permet de distinguer les véritables opposants à la politique gouvernementale des pseudo « frondeurs », qui ne sont prêts à contester la politique néolibérale du premier ministre et de son ministre de l'économie qu'à condition toutefois de ne pas avoir à trop hausser le ton et surtout de ne courir aucun risque.
  Le vote de la motion de censure permettra de séparer le bon grain de l'ivraie des députés prêts à toutes les compromissions pour conserver leur siège (pour deux ans seulement, car nombre d'entre eux seront balayés aux prochaines élections). Les choses sont claires pour qui dénonce la politique promue par Emmanuel Macron et largement commandée par Bruxelles : il faut voter en faveur du renversement du gouvernement. Et qu'importe que l'UMP (fort hypocrite, puisque l'on sait bien qu'elle approuve en réalité une bonne partie des composantes de la loi) soit à l'origine du dépôt d'une telle motion. Les arguments des socialistes appelant à ne pas « voter avec la droite » ne visent en réalité qu'à maintenir l'unité d'une gauche qui n'en n'a plus depuis longtemps.
  En effet, devant la réalité des faits, devant la politique menée depuis 2012 par le parti socialiste au pouvoir, il apparaît bel et bien que le clivage gauche/droite est devenu une mystification tout juste bonne à garantir aux socialistes lors du second tour de chaque élection le report des voix des électeurs des autres partis « de gauche ». L'union de la gauche, aujourd'hui, ce n'est jamais que l'autre nom de la soumission en dernier recours de l'ensemble de la gauche aux dogmes néolibéraux de l'aile la moins sociale du parti socialiste.
  C'est avec cela qu'il faut rompre et, pour cette raison, la motion de censure doit être votée.

lundi 16 février 2015

Qui sommes-nous ?

Qui sommes-nous ?




La retour de la question de la souveraineté nationale


Appartenant à des familles politiques diverses, les rédacteurs de ce blog se retrouvent sur l'idée que la construction de l'Europe néolibérale et les bouleversements qu'elle provoque en France ont atténué (provisoirement ?) la pertinence du vieux clivage gauche/droite qui a structuré la vie politique française pendant deux siècles.
À une époque où les hommes politiques de notre pays se trouvent dépossédés d'une bonne partie des moyens nécessaires au gouvernement du pays, que la majorité au pouvoir soit de gauche ou de droite ne change plus grand-chose, étant donné que les décisions sont largement prises ailleurs. Dès lors, la crise actuelle, comme d'autres moments dramatiques de l'histoire de notre pays, nous ramène à une question essentielle : celle de la souveraineté de la France.
Que nous soyons de gauche ou de droite, force est en effet de constater que, pour mener les politiques qui nous paraissent les meilleures pour notre pays, il faut encore en avoir les moyens. C'est pourquoi nous considérons qu'il est désormais nécessaire que soient mis entre parenthèses nos désaccords sur bien des questions, car ceux-ci deviennent secondaires lorsque est en jeu la question même de l'indépendance de notre pays, c'est-à-dire de la capacité du peuple français à choisir démocratiquement les politiques menées.

 

 

Suivre l'exemple grec d'un rassemblement au-delà du clivage gauche/droite


Adhérents ou anciens membres de formations politiques différentes, le Parti de gauche (PG), le Mouvement républicain et citoyen (MRC) et Debout la France (DLF), nous considérons qu'il est urgent de rassembler la France du « non » de 2005. De ce point de vue, le choix de Syriza de former un gouvernement avec les Grecs indépendants est une excellente nouvelle, dont nous espérons bien qu'elle permettra de faire prendre conscience à nos concitoyens que, face aux politiques impulsées par l'Union européenne, le rassemblement doit se faire le plus largement possible.
En créant un tel blog collectif, nous espérons participer à la mise en place de liens entre les souverainistes de gauche et de droite. Notre expérience nous montre en effet que la plupart des dirigeants politiques actuels restent aveuglés par le clivage gauche/droite alors même que nombre de militants s'en détachent. Nous souhaitons favoriser ce mouvement, en espérant qu'il permettra à terme à des alliances d'un type nouveau d'émerger.
Pour s'orienter dans un monde bouleversé par la mondialisation économique et financière, dans une Europe dont le caractère oligarchique et post-démocratique est de plus en plus manifeste, les vieilles boussoles du siècle dernier ne nous sont plus d'une grande utilité. Le clivage gauche/droite devient de plus en plus une mystification utilisée par les partis de l'ordre établi pour se maintenir au pouvoir et diviser les souverainistes des deux rives. Il masque le véritable clivage, qui oppose désormais ceux qui croient encore dans la capacité du peuple français à choisir librement sa voie et ceux qui considère les États-nations comme des archaïsmes destinés à s'effacer au profit de l'Union européenne ou d'un « Occident » dominé par les États-Unis.
La tâche des différentes formations souverainistes est difficile, car elles s'opposent à des partis solidement ancrés dans le paysage politique français. Il importe cependant de s'y atteler sans tarder car les dernières élections ont bien montré que si nous ne réussissons pas à fédérer la France du « non » de 2005, c'est le Front national qui s'en chargera.