samedi 21 février 2015

L'agriculture française, victime du libéralisme européen


L'agriculture française, victime du libéralisme européen

Par Cochin





Un intérêt bien provisoire

   En cette fin de semaine, avec l'ouverture du Salon qui lui est consacré à Paris, l'agriculture va devenir – très provisoirement – le sujet préféré d'une bonne partie des médias et des hommes politiques. Comme chaque année, ces derniers seront nombreux à se rendre pour quelques heures dans le Salon pour expliquer l'importance de ce secteur pour notre pays, faire l'éloge d'une France paysanne dure au travail ou encore rappeler la force des valeurs attachées au monde de la terre. Et puis, comme chaque année, la plupart oublieront tous ces beaux discours une fois le Salon terminé et ne reparleront plus des questions agricoles, sinon au moment d'une de ces crises qui enflamment, de plus en plus souvent, une partie du monde agricole en raison de ses revenus de plus en plus minces.
   Mais combien rappelleront que les problèmes que rencontre depuis maintenant bien longtemps l'agriculture ne sont pas une simple fatalité qu'il faudrait simplement gérer en essayant d'en adoucir autant que faire se peut les conséquences ? Plutôt que de tenter limiter les effets de la crise, il serait pourtant plus efficace d'en attaquer les causes, et parmi elles notamment la libéralisation mortifère imposée par l'Union européenne.

La responsabilité de l'Union européenne dans la crise de l'agriculture française

    De fait, l'Union européenne, qui avait à l'origine, à travers la PAC, été un instrument au service de notre agriculture (via les subventions ainsi que les barrières douanières), est devenue, en promouvant une libéralisation à outrance, l'une des principales causes de sa crise. Les effets d'une telle politique se retrouvent à la fois dans la concurrence que se livrent entre elles les différentes agricultures nationales et dans la rivalité que la libéralisation a créées entre les travailleurs des pays occidentaux et ceux des pays de l'Est.
    En ce qui concerne le premier point, de nombreux secteurs agricoles français sont confrontés à la concurrence déloyale de producteurs qui profitent des salaires de misère qu'ils payent à leurs employés pour réduire leurs prix de vente (sans toucher, bien évidemment, à leurs profits). Le cas le plus fameux est bien entendu celui des éleveurs de porcs bretons, touchés par la concurrence de producteurs allemands qui ont profité de l'élargissement de l'Union européenne à l'Est pour exploiter avec profit la main-d’œuvre des anciens pays communistes.
   Mais cette concurrence à tout-va promue par les (dé)réglementations européennes se fait aussi désormais entre producteurs français, notamment sous l'effet de la directive sur le travail détaché. Les producteurs qui emploient des salariés français se retrouvent en effet fortement pénalisés par rapport à ceux qui emploient des travailleurs détachés venus de pays où les cotisations sociales sont bien plus faibles.
   Disons-le clairement, il ne s'agit pas ici de dénoncer les travailleurs des pays de l'Est, qui ne sont jamais que de pauvres personnes dont on exploite la misère, mais le mécanisme du travail détaché, qui permet la mise en concurrence des différents systèmes de protection sociale aux dépens des plus avancés. En organisant à travers des mécanismes de ce type une concurrence féroce entre les travailleurs européens, l'Union européenne crée de toutes pièces des problèmes de "coût du travail" qui n'existaient pas jusque-là : les producteurs, pour ne pas être balayés par la concurrence, se voient mécaniquement obligés d'embaucher les travailleurs dont les cotisations leur coûteront le moins, car s'ils ne le font pas les autres le feront.
   L'exemple de l'agriculture témoigne donc bien du fait que, loin de promouvoir une Europe plus solidaire, l'Union européenne, par sa politique néolibérale, ne fait en réalité qu'exacerber les rivalités et les tensions entre ses citoyens.

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