mercredi 4 mars 2015

Comment la Grèce peut sortir de la crise



Sortie de l'euro et défaut partiel : comment la Grèce peut sortir de la crise

A propos d'une tribune parue récemment sur le site des Echos


Par Cochin




La solution pour la Grèce passe par une sortie de l'euro accompagnée d'un défaut partiel

   C'est une excellente analyse de la situation actuelle de la Grèce que livre Jean-Loup Bonnamy sur le site des Echos. Pour lui, seule une sortie de l'euro accompagnée d'un défaut partiel sur sa dette peut permettre au pays de mettre fin à la crise économique qu'il subit de plein fouet. 
   L'auteur part du constat que l'accord entre la Grèce et ses « partenaires » européens implique la renonciation par Tsipras à une bonne partie de ses promesses de campagne. Cette situation n'est pas due à un quelconque reniement du gouvernement grec mais simplement au fait que le rapport de forces dans cette négociation lui était objectivement défavorable. Pourquoi ? Parce que les « partenaires » de la Grèce tenaient le nerf de la guerre : l'argent. Si la Grèce ne cédait pas face à leurs exigences, il était facile de lui couper les vivres, comme la BCE avait déjà commencé à le faire avant même le début des négociations. 
   Dès lors, pour J.-L. Bonnamy, il n'existe qu'une seule solution pour régler le problème de la Grèce : « quand une équation ne peut être résolue, il convient d’en changer les termes pour retrouver des marges de manœuvre. Pour les Grecs, ce changement des termes du problème passe par un défaut partiel sur leur dette et une sortie de l’Euro ».
   L'auteur explique qu'une telle décision aurait « un grand inconvénient et deux grands avantages ». L'inconvénient, c'est que le défaut empêcherait Athènes de trouver pendant un certain temps des financements à l'étranger. Les deux avantages, ce sont la baisse du poids de la dette et la restauration de la compétitivité grecque, grâce à une dévaluation de sa monnaie. Or l'inconvénient n'en est pas vraiment un, puisque l'aide européenne n'est principalement utilisée que pour rembourser les emprunts du pays et qu'elle ne sert par conséquent pas l'économie réelle. Par ailleurs, le fait que le budget grec se retrouve en situation d'excédent primaire (autrement dit, que, si l'on ne prend pas en compte le remboursement de la dette, il se trouve en excédent) fait que l'impossibilité de se financer à l'étranger ne serait pas un véritable problème.

Servir la finance ou défendre les intérêts du peuple ? 

   Contrairement à bien des analyses, qui se placent généralement dans l'ordre de la morale (et plus précisément de la morale capitaliste), la position défendue par J.-L. Bonnamy a le mérite de s'inscrire d'emblée dans le registre politique. Pour l'auteur, le remboursement par un État de ses dettes ne constitue en rien un « devoir » auquel il devrait se soumettre à tout prix. L'Etat n'y est en effet tenu que si ce remboursement est dans l'intérêt de son peuple. 
   Dans la plupart des cas, en remboursant ses dettes, un État a plus à gagner qu'à perdre, étant donné qu'il pourra ainsi à nouveau emprunter tant qu'il en aura besoin. Seulement, la Grèce se trouve dans une situation où le remboursement lui coûte aujourd'hui bien plus qu'il ne lui rapporte. Dès lors, que doit-elle faire ? « Un gouvernement doit toujours agir en fonction des intérêts de son peuple », rappelle J.-L. Bonnamy, et, dès lors, le gouvernement grec ne doit pas sacrifier les intérêts des Grecs à ceux de la finance de marché. 
   Contrairement au raisonnement moral, qui fait du remboursement des dettes un impératif catégorique auquel il faudrait se soumettre quelle que soit la situation, le raisonnement politique pèse les avantages et les inconvénients de chaque décision pour le pays, de manière à agir ensuite en conséquence. Il a donc le mérite de remettre en cause les arguments utilisés notamment par la presse allemande, selon lesquels il n'y aurait aucune alternative à la politique actuelle, même si celle-ci ruine un pays entier. Et lui seul offre une place centrale à l'intérêt général.

La sortie de l'euro et le défaut partiel ne peuvent être envisagés séparément 

   La tribune de J.-L. Bonnamy a enfin pour intérêt de souligner que la sortie de l'euro et le défaut partiel n'auront d'intérêt que s'ils sont réalisés ensemble, et accompagnés d'un certain nombre de réformes importantes (investissement massif, développement des énergies renouvelable, amélioration de l'administration fiscale, lutte contre le clientélisme, recul de l'âge de départ à la retraire, etc.). En effet, dans  le cas d'un simple défaut sans rupture avec la monnaie unique, « la dette annulée sera bien vite reconstituée du fait de l’absence de compétitivité grecque, engendrée par l’euro qui est bien le problème de fond de la Grèce. La cause du problème n'aura donc pas été traitée. 110 milliards d’euros de dettes ont déjà été annulés en 2012 et pourtant le ratio dette sur PIB est actuellement plus élevé qu’avant cette restructuration ».


   Une sortie de l'euro sans défaut partiel rendrait la dette insoutenable, du fait de la dévaluation de la nouvelle monnaie du pays ; un défaut partiel sans sortie de l'euro ne réglerait pas en profondeur les maux dont souffre le pays et les mêmes problèmes se poseraient à nouveau dans quelques années. Ces deux solutions partielles, défendue pour la première par N. Dupont-Aignan et pour la seconde par J.-L. Mélenchon, ne suffiront pas : sortie de l'euro et défaut partiel sur sa dette sont en effet les deux jambes sur lesquelles la Grèce devra se mouvoir pour sortir de l'impasse actuelle.

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