dimanche 29 mars 2015

Revue de presse et de blogs hebdomadaire



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Chaque dimanche, l'Ami du peuple souverain vous propose une sélection brièvement commentée des publications de la semaine écoulée touchant les questions de souveraineté nationale.





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lundi 23 mars 2015

Départementales : la victoire introuvable ?



Départementales : la victoire introuvable ?


Par Cochin




   Les résultats du premier tour des élections départementales ont été très diversement commentés depuis dimanche soir. Nombreux sont les médias qui y ont vu une victoire de l'UMP, un bon score du FN (auquel est généralement refusé le titre de « premier parti de France ») et une défaite moins large que prévue du PS. Mais les choses sont-elles aussi simples ?

Le mode de scrutin a rendu les résultats illisibles

   Le principal problème que pose l'interprétation des résultats est lié au mode de scrutin. Pour la première fois en effet, il s'agissait de voter pour un ticket composé de deux candidats pouvant appartenir à des formations différentes (c'est ce que l'on appelle en langue barbare un scrutin binominal majoritaire à deux tours). Une telle mesure avait été justifiée par la volonté de promouvoir la parité dans les nouveaux conseils départementaux, étant donné que chaque ticket devait être composé d'un homme et d'une femme. Le problème est toutefois que, en plus de ne régler la question – importante – de l'égalité hommes/femmes que de manière tout à fait artificielle, le mode de scrutin a considérablement brouillé les résultats, au point de les rendre largement illisibles (ô parité, que de crimes on commet en ton nom !).
   C'est ce problème qui explique les importants biais observés dans le décompte des résultats. À ce titre, les scores d'EELV et du Front de gauche se retrouvent notamment largement minorés, étant donné que seuls les résultats que ces formations ont réalisé sans passer d'alliance leur sont attribués (les autres étant classés dans la catégorie « divers gauche », que certains analystes ont carrément rangée, sans apparemment que cela ne leur pose le moindre problème, dans les « alliés du PS »).
   De la même manière, la catégorie « divers droite » est trop imprécise et il a été tout aussi étonnant de voir certains journalistes comptabiliser ensemble les voix obtenues par l'UMP-UDI et celles obtenues par Debout la France, formation qui a toujours été claire dans son opposition au programme des partis de Nicolas Sarkozy et de Jean-Christophe Lagarde (et ce sur des domaines aussi importants que l'Europe ou la politique économique).

Un vainqueur : le Front national

    Pour cette raison, en réalité, les seuls résultats qui peuvent être interprétés avec sérieux sont ceux de l'unique parti qui ait abordé les élections sans passer aucune alliance : le Front national. Et, contrairement à ce qui a été dit, il est clair (et l'auteur de ces lignes est loin de s'en réjouir) que ce parti est le grand gagnant des élections.
   Il l'est tout d'abord par sa position, conservée depuis les dernières élections européennes, de premier parti de France, puisque l'UMP a eu besoin de s'allier avec l'UDI et le Modem pour que ses listes fassent un meilleur score. Il l'est ensuite et surtout parce qu'il réalise de meilleurs résultats qu'aux européennes (tant en nombre de voix qu'en pourcentage des votants), ce qui confirme sa constante progression depuis 2012, et qu'il le fait alors même qu'il s'agissait d'élections départementales, où, parce qu'il ne possédait que très peu de notables locaux, il partait avec un handicap considérable par rapport aux formations bien implantées sur le territoire.
   Il est dès lors au mieux inutile, au pire contre-productif de la part de ceux qui pensent qu'une victoire du FN en 2017 aggraverait les maux dont souffre notre pays de nier l'évidence. Ce n'est pas en refusant de voir la réalité en face que l'on pourra la transformer mais bel et bien en l'analysant telle qu'elle est de manière à ensuite en tirer les bonnes leçons.


Des leçons à tirer ?

   Disons-le clairement, il est sans doute encore trop tôt pour tirer en toute certitude des enseignements de ces élections et il faudra sans doute attendre le second tour pour cela. Plusieurs points peuvent tout de même être signalés comme plus que probables.
   Il faut tout d'abord bien entendu insister sur l'effondrement du PS, qui devrait perdre une grande partie des départements qu'il contrôlait jusque-là. Ajouté à la défaite des municipales et à la probable déroute des régionales, cela devrait provoquer au parti socialiste une importante crise interne, étant donné que le PS est très largement un parti de notables locaux. Par ailleurs, des problèmes financiers sont à prévoir.
   La victoire de l'UMP-UDI, à ce titre, est sans doute bien davantage due à un vote de rejet du PS qu'à un vote d'adhésion envers le programme de ces deux formations, dont on ne peut pas vraiment dire que la campagne ait brillé par les idées (autant le PS a axé sa campagne sur la lutte contre le FN, autant l'UMP et l'UDI l'ont axé sur le rejet du parti au pouvoir).
   Un dernier point, mais qui ne sera confirmé qu'au soir du second tour, concerne la gauche de la gauche. Il semblerait que celle-ci paye son absence de ligne directrice et les alliances très différentes qu'elle a nouées en fonction des cantons, au détriment de l'affirmation d'une ligne cohérente et facilement compréhensible par les électeurs (un exemple simple : dans certains cantons, voter communiste signifiait s'opposer au gouvernement tandis que dans d'autres PCF et PS étaient alliés).
   L'alliance de la gauche de la gauche avec EELV, tant désirée par J.-L. Mélenchon pour 2017 semble par ailleurs clairement compromise, étant donné que les libéraux d'EELV devraient très rapidement tirer profit de l'échec de ces élections pour justifier un retour au gouvernement, la ligne suivie jusque-là ne s'avérant pas payante.
   Sans doute est-ce d'ailleurs un mal pour un bien pour J.-L. Mélenchon : en 2017, une alliance avec les écologistes ne lui aurait pas apporté beaucoup de voix, tant ceux-ci ne représentent plus grand-chose mais aurait complètement anéanti la cohérence de son programme, notamment sur des questions importantes comme la question européenne. Sans les fédéralistes d'EELV, il pourra sans doute présenter une ligne bien plus claire et par conséquent susceptible de mieux réussir.
   Pour remporter une élection, le plus important n'est en effet pas de rassembler mais de présenter un projet cohérent aux Français.

dimanche 22 mars 2015

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vendredi 20 mars 2015

L'impossible armée européenne



L'impossible armée européenne


Par Cochin




   Ces derniers jours ont été marqués par plusieurs déclarations touchant à une question qui revient de manière régulière dans les débats : l'armée européenne.
   De manière assez inattendue, le président de la Commission européenne, J.-C. Juncker, a en effet remis le sujet à l'ordre du jour le 8 mars dernier, sans visiblement convaincre le ministre de la Défense français, bien plus au fait de ce qu'est réellement l'Union européenne dans le domaine militaire. En réponse, le premier ministre Manuel Valls a eu bien raison (une fois n'est pas coutume) de rappeler que, dans les faits, la France contribuait plus que largement à la sécurité du continent, notamment à travers la lutte contre le terrorisme en Afrique, et d'appeler d'autres pays à prendre leurs responsabilités.

Une armée européenne de dimension importante n'est pas réalisable

   Cependant, pour en revenir au projet d'armée commune, il serait bon de regarder la réalité en face : qui, aujourd'hui et en Europe, désire réellement la constitution d'une force militaire commune ? Et surtout : un tel projet est-il réalisable ? Pour répondre à ces deux questions, il faut revenir brièvement sur les deux types de missions qui pourraient être confiées à une telle armée européenne.
   La première mission possible, la plus évidente, ce serait d'assurer la sécurité des pays membres de l'Union européenne. Le problème, toutefois, c'est que, pour bon nombre de pays, et notamment ceux de l'ancien bloc soviétique, une telle armée européenne serait inutile, puisque l'OTAN joue déjà ce rôle. L'article cinq du traité de l'Atlantique Nord stipule en effet qu'en cas d'attaque d'un des membres, tous les autres pays doivent se porter à son secours. Dès lors, comme l'OTAN (traduisons : les Etats-Unis) assure la protection des pays européens, à quoi pourrait bien servir une armée européenne ? On le voit, l'idée d'une armée vouée à la défense de l'Union européenne a peu de chances de voir le jour, du fait de l'atlantisme affiché de certains pays.
   Le second type de missions qui pourraient être confiées à une armée européenne, ce sont les opérations extérieures. L'Union européenne disposerait ainsi de ses propres forces d'intervention, lui permettant d'agir sans avoir à passer par le biais de l'OTAN ou des Nations-Unies. Seulement, en l'absence de diplomatie européenne véritablement unifiée, se poserait inévitablement le problème de l'emploi de ces troupes. Si une unanimité des pays européens était nécessaire pour utiliser cette force, il y a en effet peu de chances pour qu'elle puisse servir un jour (il n'y a qu'à voir pour s'en convaincre les désaccords qui ont existé et existent toujours entre les pays européens au sujet des différentes interventions menées au Moyen-Orient et en Afrique depuis un petite quinzaine d'années…).

Des coopérations entre pays restent cependant souhaitables

   La création d'une armée européenne est en soi un projet attirant, ne serait-ce que parce qu'un tel projet pourrait permettre de diminuer la dépendance de l'Europe vis-à-vis des Etats-Unis et donc de favoriser l'existence d'une Europe qui soit enfin véritablement européenne. On voit cependant mal comment une telle armée pourrait être constituée dans les années à venir, du fait de l'importance des désaccords existant entre les pays européens.
   Ceci ne veut toutefois pas dire que toute coopération est impossible : des accords restreints, n'incluant qu'une partie seulement des pays européens, peuvent avoir leur utilité. Dans le domaine de l'armement, les entreprises françaises et britanniques travaillent ainsi d'ores et déjà ensemble sur certains projets importants, trop chers pour être menés à l'échelle d'un seul pays.
   Plutôt que de s'attacher au vieux rêve irréalisable d'une armée européenne, sans doute vaut-il donc mieux promouvoir des coopérations à la carte, entre les pays qui le désirent. Un tel choix aurait d'ailleurs l'avantage de permettre à chaque peuple de conserver son entière souveraineté.

dimanche 15 mars 2015

L'euro de Waterloo, une mauvaise blague belge



L'euro de Waterloo, une mauvaise blague belge


Par Cochin 

 



   Pour commémorer le 200e anniversaire de Waterloo, la Belgique a choisi de frapper une édition spéciale des pièces de deux euros figurant le lion monumental qui, du sommet d'une butte, contemple la « morne plaine » où s'est déroulée la bataille. Sous la pression de la diplomatie française, et alors même que 180 000 pièces étaient déjà frappées, le pays a cependant renoncé à mettre ces euros en circulation.
   Tout ceci n'est bien entendu pas bien grave, mais on se demande toutefois comment cela a pu se produire. La Belgique a signalé qu'il ne s'agissait absolument pas de fêter une défaite française mais simplement une date importante de l'histoire européenne. On a tout de même du mal à penser que les Allemands ne diraient rien si la France décidait de frapper des euros représentant le moulin de Valmy, bataille non moins importante que Waterloo, comme en atteste le fameux mot de Goethe, qui disait de la bataille : « De ce jour et de ce lieu date une nouvelle époque dans l'histoire du monde ».
   L'anecdote montre bien à quel point une partie des élites qui dirigent les Etats européens a perdu totalement le contact avec les réalités nationales. Sinon, comment expliquer qu'un tel projet ait pu voir le jour sans que ne vienne à l'esprit qu'il puisse choquer certains ? Pour les Français, la défaite de Napoléon à Waterloo, magnifiée par le célèbre poème que Victor Hugo lui a consacré et évoquée dans bien d'autres chefs-d’œuvre de notre littérature, reste une défaite nationale. Et le fait que le rôle de Napoléon dans l'histoire de notre pays prête à discussion n'y change rien : le moins que l'on puisse dire, c'est que les puissances qui l'ont vaincu à Waterloo n'incarnaient pas le camp du Progrès, comme le montra par la suite l'histoire de l'Europe du premier XIXe siècle.
   En bref, considérer comme l'ont fait les Echos que la France s'est ridiculisée dans cette affaire, c'est manquer totalement le sens de ce qui s'est passé. C'est notamment faire preuve d'un aveuglement naïf, en pensant que la construction européenne aurait mis fin aux réalités nationales. Les nations qui composent l'Europe partagent sans doute très largement une histoire commune, mais elles ne la voient pas de la même façon. Bien souvent, la victoire des uns est la défaite des autres et l'on aurait bien de la peine à trouver des dates qui puissent être célébrées par l'ensemble des pays formant l'Union européenne.
   Et lorsque l'on sait la place qu'occupent les questions de mémoire, dont font partie les célébrations historiques, dans la création et le renforcement des identités nationales, on peut légitimement douter qu'un peuple européen existera un jour.

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dimanche 8 mars 2015

L'industrie française face à la financiarisation du capitalisme



L'industrie française face à la financiarisation du capitalisme


par Cochin




   La semaine dernière, France 2 a diffusé deux émissions consacrées au rôle de la finance dans l'économie française : un numéro de son magazine « Cash investigation », intitulé « Quand les actionnaires s'en prennent à vos emplois », et le documentaire « Du fer à la finance, l'empire Wendel », qui évoquait l'un des anciens fleurons de la métallurgie française, aujourd'hui reconverti en société d'investissement.
   Ces deux programmes, dont la qualité tranche avec la grande médiocrité du documentaire consacré il y a peu par le service public à la sortie de l'euro (pour son analyse par notre blog, c'est ici), ont eu le mérite d'illustrer de manière particulièrement frappante des phénomènes bien connus. Ils montrent notamment les ravages causés par le passage d'un capitalisme à dominante industrielle, recherchant le profit sur le long terme, à un capitalisme financier, plus préoccupé par des gains rapides au risque de compromettre l'avenir.

Du capitalisme industriel au capitalisme financier

   Cette financiarisation de notre économie est bien illustrée par le fait que la France est aujourd'hui le troisième pays où les actionnaires sont le mieux rémunérés, derrière les États-Unis et le Royaume-Uni (en 2014, les entreprises du CAC 40 ont ainsi versé 46 milliards d'euros à leurs actionnaires). Une telle générosité alors même que la crise touche toujours fortement l'économie française est liée principalement à la mise en place de politiques sacrifiant l'avenir des entreprises pour assurer des gains rapides.
   « Cash Investigation » a ainsi porté son attention sur Sanofi, deuxième entreprise du CAC 40 et troisième entreprise pharmaceutique du monde. Cet exemple éclaire particulièrement bien les dérives actuelles dont souffre l'économie française. Dans le but de faire monter rapidement le cours de l'action, les dirigeants de l'entreprise ont en effet fait le choix de diminuer très fortement les investissements et de supprimer des emplois (4 000 en France entre 2008 et 2013). Ainsi, si sur le court terme Sanofi peut paraître gagnante, cela se fait non seulement aux dépens de ses salariés, mais aussi au détriment de l'avenir même de l'entreprise, puisque, comme le signale son ancien patron, la baisse des investissements et du nombre d'employés a pour conséquence de nuire à la recherche et notamment à la mise au point de nouveaux médicaments.
   La stratégie suivie par les actuels dirigeants de Sanofi est loin d'être un cas unique. Elle est encouragée par le poids de plus en plus important pris par les actionnaires dans la gestion des entreprises. En France, en 1980, les dividendes versés aux actionnaires constituaient ainsi la moitié des sommes consacrées aux investissements par les entreprises ; aujourd'hui, le rapport s'est inversé puisqu'ils représentent deux fois et demi les investissements.

Le rôle des fonds d'investissement

   Cet abandon d'une logique industrielle au profit d'une logique purement financière est bien illustré par le poids de plus en plus important acquis par les fonds d'investissement dans l'économie mondiale. Le documentaire de France 2 sur l'entreprise Wendel montre ainsi comment, sous la direction d'Ernest-Antoine Seillière, l'entreprise Wendel, ancien fleuron de la métallurgie française, a opéré une mue pour devenir une des principales sociétés d'investissement françaises.
   Les méthodes utilisées pour obtenir des revenus sur le court terme sont les mêmes que celles utilisées par certains fonds de pensions américains : une entreprise est rachetée grâce à l'apport par le fonds d'une petite partie de sa valeur, le reste étant obtenu par le recours au crédit (c'est ce que l'on appelle un LBO) ; ensuite, il s'agit de pressurer l'entreprise pendant plusieurs années pour qu'elle dégage très rapidement les fonds nécessaires au remboursement du crédit, avant de la revendre.
   Une telle politique est menée bien évidemment au détriment des investissements et de l'emploi, c'est-à-dire de l'avenir même de l'entreprise en question, qui est littéralement pillée.

La nécessité d'une action politique en rupture avec le capitalisme financier triomphant

   Il est ainsi beaucoup trop facile d'affirmer que la désindustrialisation de notre pays serait due à ses coûts salariaux ou à l'importance des taux d'imposition. Le problème est bien davantage lié au développement d'une logique de prédation, qui vise à une rentabilité maximale sur le court terme en sacrifiant l'avenir des entreprises. À ce titre, le fait qu'Ernest-Antoine Seillière, qui est le symbole vivant du sacrifice de l'industrie à la finance, ait pu diriger pendant huit ans le principal syndicat patronal français montre à quel point les propositions du MEDEF sont loin de représenter les intérêts économiques de notre pays.
   Interrogé par Élise Lucet à propos de l'importance des dividendes accordés par Sanofi (alors que, depuis 2011, les bénéfices de l'entreprise ont diminué, les dividendes qu'elle a versés ont augmenté), le ministre de l'économie Emmanuel Macron lui répond : « Je pense qu'il faut avoir un discours très clair ».
   On est cependant en droit de penser qu'un discours ne suffira pas et qu'il serait temps de passer aux actes.